Benjamin Louvet

Les articles de Benjamin Louvet

Après une baisse des cours du pétrole de plus des deux tiers de leur valeur, nous évoquions lors de notre dernière note de conjoncture (lire ici) la possibilité que le marché s’équilibre dès 2016, le surplus de production actuel de 900 000 barils par jour étant progressivement résorbé sous l’effet combiné de la hausse de la demande et de la réduction des investissements. Le marché pourrait même rapidement se retrouver en situation de tension si la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis corrigeait davantage que ne le prévoit le marché. Actuellement, selon les prévisions de l’OPEP, la production pétrolière américaine ne devrait que marginalement reculer, en baisse de 170 000 barils par jour (b/j) en 2016 (lire ici, page 61-62). L’industrie continue de parier sur la réactivité des shale oil, afin d’ajuster leurs coûts de production pour maintenir peu ou prou leur production comme ils l’ont fait au cours des dernières années. En effet, malgré la division par 3 du nombre de foreuses en activité depuis la mi-2014, les gains de productivité et les crédits accordés par les banques ont permis à la production de se maintenir et même de légèrement progresser en 2015 (+ 55 000 b/j au 11/12/2015).

Alors que les cours du pétrole oscillaient depuis plusieurs semaines dans ce que les spécialistes appellent désormais la « shale band », bande de prix située en 55 et 65$ le baril et définie par la capacité ou non d'opérer pour les pétroliers de schiste aux USA, les prix ont brusquement reculé de près de 20%, indiquant un changement de perspectives des intervenants. C'est tout d'abord l'augmentation du nombre des forages et le maintien d'une production en hausse aux Etats-Unis qui ont eu raison de l'optimisme des opérateurs. Alors que la production américaine avait marqué le pas en février, elle s'est ensuite régulièrement reprise pour s'établir à  9.7 millions de barils en avril, proche du record historique établi au début des années 70.

Depuis maintenant près de 4 ans, les cours du métal jaune ont entamé une phase majeure de correction. Les compagnies minières, afin de préserver leurs marges, ont dû en tirer les conséquences et chercher à  réduire leurs coûts de production. La situation reste malgré tout très tendue. Selon une étude réalisée par le cabinet GFMS en 2015, le coût moyen global de production des compagnies minières (le All In Sustaining Cost, AISC), incluant les charges d'intérêts et les dépenses exceptionnelles, était proche de 1208$ l'once en 2014. Le prix moyen de l'or sur l'année était de 1260$. Hors charges financières, impôts et dépréciation d'actifs, les premières indications pour 2015 sont de 950$ l'once, après un premier trimestre à  900$. Corrigés des éléments financiers, ces chiffres laissent une marge très faible